FREN

#FF00AA


3 dec. 2007

Mass Effect (360)  

Whoa.

Bon, ce n’est pas la peine de ménager le suspense, puisque la note est affichée en haut de l’article, donc autant le (re)dire tout de suite :

Whoa.

C’était loin d’être gagné, pourtant : quand j’ai réservé le jeu je m’attendais à le détester — le RPG, à la base, ce n’est pas mon truc, et ce n’était pas franchement encouragent qu’ils aient ajouté un volet “action” parce que faut pas déconner on est sur Halo Box, pas sur DS, alors il faut séduire le public local. Mais je n’ai pas les moyens d’acheter des jeux, en ce moment, donc je fais avec ce qu’on me propose, et j’espérais bien pouvoir tromper mon ennui quelques heures avec un peu d’exploration spatiale.

Pour ça, on repassera : en dehors des quatre mondes dans lesquels l’histoire principale progresse, ça se résume à ouvrir la carte de la galaxie, cliquer sur une planète et, pour les cas où la planète existe sur le DVD, atterrir et se balader en Warthog dans un carré de désert (ou de montagnes) en butant deux-trois zombies. (Et le fait qu’ils aient piqué le mode de contrôle du véhicule à Halo est bien la seule chose positive dans cette histoire.)

L’idée de remplacer l’exploration des donjons annexes dans un RPG habituel par une flopée de planètes inconnues, ça fonctionne très bien en théorie, mais beaucoup moins quand ça se résume à cliquer sur une carte et se taper quatre longs chargements entre chaque donjon.

Se promener dans l’univers d’Oblivion a une dimension physique ; même si le résultat au final est le même (tuer des monstres mineurs pour augmenter son XP, ouvrir des coffres pour récupérer des armes), le fait de sauter de système en système et de planète en planète dans la salle de navigation d’un vaisseau spatial est aussi fun et immédiat que cliquer de page en page sur Wikipedia. Sur une liaison 14Kbps.

Mais peu importe, il faut croire que le point important du jeu est le combat : le joueur et ses deux alliés (qui ne sont pas des flèches, mais peuvent tout de même faire le gros du boulot si vous les gérez bien — le plus important étant justement de ne pas trop les gérer) se baladent dans une perspective à la Gears of War et shootent de l’alien ou de l’humain véreux. Avec un gros choix au début du jeu : vous pouvez être un soldat pour vous la jouer shooter, ou utiliser vos pouvoirs magiques biotiques pour faire plein d’effets très mignons, avec un gameplay qui revient peu ou prou à cliquer sur les ennemis dans World of Warcraft. (J’imagine que Hellgate London doit ressembler très très fort à Mass Effect.)

Et comment ça marche, un système capable de gérer deux gameplays aussi diamétralement opposés ? Bah, mal. L’aspect shooter n’est jamais aussi bien géré que dans un jeu spécialisé, parce que ce ne sera jamais la motivation première de ce jeu, mais les décors et les configurations d’ennemis sont pensés à la façon de Gears of War, de sorte que pour un joueur se concentrant sur un autre gameplay (j’ai tôt fait de passer les combats en facile et l’assistance à la visée au niveau maximal, de sorte qu’avec mon personnage de classe Sentinelle j’étais à fond dans le World of Warcraft… avec deux soldats à mes côtés) la progression dans les niveaux a tendance à être très chiante et répétitive — bref, ça fonctionnerait à dose plus faible, mais le public visé n’aurait pas supporté si le jeu contenait plus de 30% de dialogues. C’est publié par Microsoft, sur 360, il faut que ça cartonne, même si ce n’est qu’un alibi pour rendre le jeu de rôles plus attrayant.

Et puis il y a ces chargements interminables qui rendent l’exploration pénible ; les textures qui se chargent avec dix secondes de retard dans certaines cinématiques ; l’animation ridicule des personnages qui font leur jogging en scaphandre (et toujours de la même façon, même en zéro-G avec des semelles magnétiques) ; les dialogues pas très subtils, et en VF obligatoire (il va falloir s’y faire, les DVD débordent, il n’y a plus la place pour mettre plusieurs voix) ; le tutoriel qui s’arrête alors qu’on n’a pas appris grand chose de plus que le maniement du pistolet (pire que pas de tutoriel du tout, puisqu’on s’attend à ce qu’il revienne expliquer le reste quand on en aura besoin) ; les dialogues avec deux angles de caméra fixes, façon soap opera, alors que tout est in-engine donc on pourrait au strict minimum bouger la caméra soi-même quand on s’emmerde ; la gestion de l’inventaire super lourde, qui pourrait passer si on n’était pas obligé de la pratiquer régulièrement pour faire le ménage de ce dont on ne se sert pas ; ou le fait qu’il soit impossible de continuer l’exploration de l’univers une fois finie la quête principale, sans vraie bonne raison et alors que le réalisme pousse plutôt à avancer au plus vite pour rattraper son ennemi et sauver l’univers (sauf que, si on finit la quête au pas de course, le jeu est franchement court pour un RPG).

Et tout ça, on s’en fout.

On s’en fout, parce que pendant les quatre derniers jours je n’ai pas pu penser à autre chose que Mass Effect. Si ce jeu est bourré de petits défauts, c’est parce qu’il est ambitieux ; et si on lui passe volontiers ces défauts, c’est que ses ambitions sont très majoritairement réalisées. Voilà un jeu qui, sur les six premières heures (dont une moitié de combats sans intérêt), arrive à donner corps à un univers complet et crédible ainsi qu’à une dizaine de personnages — qui sont plus souvent énervants qu’attachants, mais ça fait aussi partie du réalisme (surtout quand on est misanthrope).

Peu importe que le scénario soit un mélange flagrant de Babylon 5 et Halo (avec des petits bouts de toutes les autres grandes séries de science-fiction, évidemment) ; c’est connu, tout a déjà été inventé, tout a déjà été raconté. On ressent très vite, dans Mass Effect, à quel point les développeurs se sont attachés à construire un univers cohérent, à établir le moindre détail de l’histoire des espèces représentées et des personnages rencontrés, et à planifier tout un enchevêtrement d’histoires qui se résoudra en grande pompe à la fin de la trilogie — c’est vraiment Babylon 5 en version jeu, des aspects politiques à la menace de la disparition de toute vie intelligente dans l’univers.

Avec, en plus, des graphismes impressionnants (je ne le sentais pas trop en voyant les vidéos, mais au final c’est franchement beau, et les effets de lumière, de profondeur de champ, et le grain de pellicule donne une personnalité très affirmée aux visuels — même si l’absence de mouvements de caméra dans les cinématiques se fait d’autant plus cruellement sentir), une musique surprenante mais au final très appropriée et contribuant bien à l’ambiance, des voix correctes, et une partie action qui n’est quand même pas si loin d’être jouissive par moments (en particulier quand la progression des talents permet de ne faire qu’une bouchée d’ennemis qui paraissaient insurmontables six heures plus tôt).

Je me demande si ce ne serait pas même un peu plus fun de regarder quelqu’un jouer que d’y jouer soi-même — le soap opera ultime, dont on peut contrôler certains développements si on crie assez fort pour influencer les décisions de celui qui tient le pad.

Bref, à acheter sans faute (à moins d’être allergique à la science-fiction, auquel cas vous y perdez, aussi bien pour Mass Effect que Babylon 5 et Farscape) en prévoyant quelques jours de congé.

Et vivement la suite.

Want to know when I post new content to my blog? It's a simple as registering for free to an RSS aggregator (Feedly, NewsBlur, Inoreader, …) and adding www.ff00aa.com to your feeds (or www.garoo.net if you want to subscribe to all my topics). We don't need newsletters, and we don't need Twitter; RSS still exists.

Legal information: This blog is hosted par OVH, 2 rue Kellermann, 59100 Roubaix, France, www.ovhcloud.com.

Personal data about this blog's readers are not used nor transmitted to third-parties. Comment authors can request their deletion by e-mail.

All contents © the author or quoted under fair use.